Dans le premier épisode de Kosmosis, nous retraçons l'histoire longue du télétravail, et ouvrons des perspectives de changements sociétaux positifs. Le télétravail serait l'occasion de (re)tisser ces liens humains qui ne se nourrissent pas d’échanges monétaires -la famille, les ami.e.s, les voisin.e.s, sa.on prochain.e.
Faute d'un manque de vision, le télétravail a tendance à s'essouffler pour diverses raisons, et en partie parce que les collaborateurs souffrent de solitude. Nous pouvons subir et attendre que la situation revienne à la normale. Ou bien nous pouvons saisir cette nouvelle opportunité de reconstruire ces liens sociaux locaux qui nous manquent cruellement. Nous avons souvent détruit notre capital social extra-professionnel, il est temps de le reconstruire.

C'est ce qu'ont fait de nombreuses communes rurales, comme Tilhouse, qui ont profité de la crise pour créer ou renforcer les réseaux de solidarité et d'entraide au niveau local en s'appuyant sur les nouvelles technologies de communication tout en gardant l'humain au centre. Ces réseaux maintiennent le contact, soutiennent l'organisation de l'approvisionnement des habitants, et mettent en avant une consommation locale.
Dans les grandes villes, la communauté s'organise aussi, par exemple dans le domaine de la culture et du spectacle. Marine et Thomas, deux jeunes Lyonnais, ont offert des animations lumineuses dans leur cour d'immeuble en lieu et place de la fête des lumières annulée en 2020. Un bon moyen de se reconnecter à son écosystème local, et de montrer que les métiers a priori non "télétravaillables" peuvent être parfois encore exercés s'ils sont re-localisés au lieu d'être centralisés!

Recréer le vivre-ensemble remplace aussi parfois le consommer-ensemble comme ici à Vienne. A l'initiative de la mairie, les cafés accueillent des étudiants dans le respect des gestes barrières, afin que ceux-ci puissent étudier dans un environnement ouvert sur le monde extérieur et les autres. Une bouffée d'oxygène pour les étudiants enfermés seuls dans leurs minuscules appartements ou souffrant de trop de promiscuité dans leurs colocations. Une belle manière de réinventer des lieux qui nous étaient si familiers.
Dans les cafés de Vienne, on ne boit pas mais ... on révise! #AFP #AFPTV @VieilleNioc @abeade1 pic.twitter.com/L4q5vSJVWE
— Agence France-Presse (@afpfr) February 5, 2021
Utiliser par exemple les cafés ou les restaurants pour y accueillir des étudiants ou des télétravailleurs, c'est tout simplement étendre le concept de tiers-lieux et en couvrir le territoire. Si nous avons parfois du mal avec le télétravail, c'est surtout le télétravail confiné qui nous pèse. Avant la crise, nombre de télétravailleurs et d'indépendants avaient adopté ce lieu de travail afin de mutualiser les ressources et faire partie d'une communauté.

Ces lieux ayant été contraints de fermer, les jeunes actifs les recréent dans la sphère privée, comme ici par exemple dans des colocations de maisons saisonnières. Les communautés formelles mono-entreprises font places à des communautés informelles multi-entreprises, favorisant ainsi la mixité professionnelle et l'émulation.

Pour que le télétravail participe à un changement positif, il nous faut réinvestir les centres-villes en y re-implantant des petits commerces, transformer les banlieues en villages, repeupler les campagnes, réduire la fracture numérique, réhabiliter des bâtiments désaffectés, des immeubles de bureaux pour créer des tiers lieu, réinventer le vivre-ensemble.
Reconstruire du capital social et un cosmos centré sur l’humain et la nature fait partie d’un "'écoféminisme vernaculaire'...qui consiste à tisser des liens et œuvrer avec les personnes, les ressources et l’histoire propre d’un même territoire quotidiennement habité." (Pruvost, 2019)
Tout cela est possible, ensemble, embrassant et promouvant une nouvelle écologie sociale, et en se reconnectant à nos territoires, à notre nature.
Vous voulez en lire plus ou écouter nos épisodes complets en podcast? La première saison de notre Newsletter Kosmosis s’empare du thème télétravail, nature et société. Recevez chaque mois un épisode exclusif par e-mail, abonnez-vous, c’est par ici!
Photo de couverture: CoWomen